Le trajet méandreux de La Carte et le territoire
DOI:
https://doi.org/10.18352/relief.990Keywords:
cartographie, philosophie, Derrida, Deleuze, utopique, mapping, philosophy, utopianAbstract
La vision de Michel Houellebecq telle qu’il la déplie dans ce roman semble suivre les différentes étapes de la philosophie du XXe siècle dans son exploration de la représentation, représentation littéraire, picturale et idéologique. On peut en faire une lecture phénoménologique traditionnelle pour laquelle la représentation est essentiellement sensorielle et subjective. Pourtant l’homogénéité (provisoire) en est déstabilisée par la théorie de la supplémentarité telle que plus particulièrement Jacques Derrida a pu la formuler notamment dans De la grammatologie. Toute représentation vient en supplément et l’origine présupposée se révèle être déjà depuis toujours en supplément. Pareillement se dissout l’image du sujet dans la fiction de Houellebecq. Mais au-delà de cette position d’absence et de manque (qui par ce biais rejoint la psychanalyse lacanienne) une ‘catastrophe’ plus radicale menace ce sujet toujours en doublure névrotique. Ce sont la déterritorialisation et la dissémination telles que la pensée de Gilles Deleuze les a conçues (voir Mille plateaux et De la Philosophie) qui paraissent animer les stades ultérieurs de transformations textuelles de La Carte et le territoire. Pourtant ces distorsions distopiques ne constituent visiblement pas la visée définitive de Houellebecq. Une utopique idéalisation prend naissance sur les ruines du décor et les cadavres. Seulement, après un tel historique sa forme et son image ne pourront plus relever que de l’ordre du pervers, ou du posthumain si l’on préfère.
The vision of Michel Houellebecq as it is developed in La Carte et le territoire seems to follow different threads of Western philosophy during the twentieth century in its exploration of representation as a literary, pictorial and ideological process. A phenomenological approach appears to be plausible, but the ongoing destabilisation of homogeneity in Houellebecq’s novel opens a door to the work of Derrida and his notion of supplement. And ‘worstward ho’, even the menace of total catastrophe bursts in with a Deleuzian echo of integral dissemination. Nevertheless this is not Houellebecq’s final position because a utopian idealization marks the final section of the book. But this attitude with its air of posthuman projection shows eventually a perverse turn.
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