Affordances de la liste : à quoi la lecture de liste engage-t-elle son lecteur ?
DOI:
https://doi.org/10.18352/relief.1041Keywords:
affordance, liste, lecture littéraire, engagement, list, literary readingAbstract
La notion d’affordance, héritée de la psychologie gestaltiste et en particulier de James J. Gibson, consiste à prêter à un objet une qualité de suggestion de sa propre utilisation. Peu ou pas utilisée en littérature, elle l’est parfois néanmoins pour rendre compte de certains tropismes de lecture par les spécialistes du design de l’information et de la rédactologie (Kavanagh et al.). Je postulerai, en suivant ces auteurs, que l’affordance textuelle présente un caractère opératoire lorsqu’elle est associée à certaines formes inhabituelles au sein de textes narratifs, en particulier la liste. Par la suite, il s'agira d’observer que la forme de liste manifeste une affordance qui lui est propre, que l’on qualifiera de sélective, due à son caractère graphique particulier, puis à sa qualité de ductilité qui la rend manipulable. En comparaison avec une affordance littéraire postulée comme intégrative (c’est-à-dire impliquant une lecture non cursive et appelant le choix, la hiérarchisation active du lecteur), il apparaît que la rencontre entre les pratiques de lecture de liste et de littérature tend à les opposer. Dès lors je tenterai de montrer que l’affordance de la liste littéraire consiste à suggérer sa propre utilisation : de la continuer ou de la réduire, en somme de la manipuler, d’en subir la contamination. Ainsi la liste produit-elle une implication particulière, de l’écriture à la lecture et, surtout, de la lecture à l’écriture.
The notion of affordance, inherited from Gestalt psychology and in particular from James J. Gibson, consists in lending an object a quality of suggestion of its own use. Little used in literature, it is sometimes nonetheless applied to certain tropisms of reading by specialists in information design and redactology (Kavanagh et al. 2016). I postulate, following these authors, that textual affordance has an operational character when it is associated with certain unusual forms within narrative texts, in particular the list. Subsequently, it will be observed that the list has an affordance of its own, which will be described as selective, due first to its particular graphic character, then to its quality of ductility that makes it manipulable. In comparison with a literary affordance postulated as integrative (i.e. involving a non-cursive reading and calling for a choice, an active prioritization of the reader), it appears that the encounter between the practices of list reading and literature tends to oppose them. From then on I will try to show that the affordance of the literary list consists in suggesting its own use: to continue it, to reduce it or generally to manipulate it, to undergo its contamination. Thus the list produces a particular implication, from writing to reading and, above all, from reading to writing.
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